Point Hebdo du 02/11/2022
Tour d'horizon de la semaine écoulée : de la tentation d’un pivot des politiques monétaires à ses risques
Après trois hausses de ses taux directeurs depuis le début de l’été, la BCE estime avoir retiré une part substantielle du caractère accommodant sa politique monétaire. C’est en ces termes que C. Lagarde a débuté sa conférence de presse suite à l’annonce d’une nouvelle remontée de 75 pb des taux et des mesures de restriction de l’accès aux liquidités des banques dans le cadre du TLTRO III. Si, de ses propres mots, les hausses ne sont pas terminées face à une inflation qui restera au-dessus de l’objectif officiel pendant une période prolongée, Mme Lagarde s’est gardée de fixer un cap pour les mois à venir, apparaissant, de facto, moins dans l’urgence.
Alors que la multiplication des signes de récession justifie sans nul doute cette posture plus «dovish» qu’attendu, l’inflation n’est toujours pas sous contrôle. Le lendemain de sa communication, l’Allemagne, la France et l’Italie publiaient des données d’inflation toutes plus élevées en octobre que le mois précédent, à respectivement 10,4%, 6,5% et 11,9% en Italie. La BCE parviendra-t-elle, dès lors, à lever le pied comme elle semble l’indiquer? La réponse pourrait venir en bonne partie de la FED cette semaine.
J. Powell n’a pas encore obtenu gain de cause par rapport à ses objectifs, avec un taux de chômage toujours proche de ses plus bas historiques et des tensions inflationnistes croissantes dans les services. Malgré tout, plusieurs membres de la FED ont laissé entendre qu’elle pourrait être moins agressive d’ici la fin de l’année et ne relever ses taux que d’un demi-point en décembre, après cependant ¾ de point cette semaine. La récession immobilière et, plus encore, les risques de dislocation financière sont manifestement à l’origine de ces appels.
Un tel pivot, s’il venait à être confirmé cette semaine, soulagerait la BCE, en allégeant notamment les pressions sur l’euro que la prudence de la BCE jeudi dernier n’a pas permis de maintenir au-dessus de la parité contre dollar.
La FED est-elle cependant prête à confronter les marchés dans l’espoir d’un pivot ? C’est tout l’enjeu du FOMC de cette semaine et des risques qui lui sont assortis pour les marchés, d’une part, et l’évolution des anticipations d’inflation, de l’autre, alors que les prix du pétrole peinent à refluer et que le retrait russe de l’accord sur les exportations céréalières d’Ukraine de ce week-end menace de faire flamber les cours mondiaux.
Manifestement la question de l’inflation n’est pas sur le point de s’effacer. Dès lors, un pivot des banques centrales ne tarderait probablement pas à être suspecté de capitulation face à l’inflation, au risque de poser illico la question de leur capacité à maintenir le nouveau cap décidé… Décidément, rien n’est simple.