Point Hebdo du 04/03/2024
Point de marché du 04/03/2024 : FED vs BCE, une nécessaire divergence
Après une hausse quasi continue depuis la la mi-janvier, la remontée des taux futurs a finalement été prise à revers en fin de semaine dernière : inflation de nouveau en repli aux Etats-Unis et en zone euro et déceptions des indicateurs conjoncturels américains semblent avoir convaincu les marchés de la reconstitution des marges d’assouplissement de la politique de la Fed et, de facto, de celles de la BCE, que les propos de Mme Lagarde et du président de la BdF sont venus consolider.
Bien qu’écornées par rapport à ce qu’elles étaient en fin d’année dernière, les anticipations de baisses de taux ont, ainsi, repris du poil de la bête.
Malgré tout, les perspectives d'inflation sont loin d'être totalement clarifiées, ceci essentiellement pour trois raisons :
- L’inflation des services est à la traîne et les évolutions mensuelles de prix du secteur se sont souvent accélérées ces trois derniers mois
- Les cours du pétrole se redressent, soutenus par le maintien des réductions de la production de l’OPEP + anticipations de baisses des taux directeurs, elles-mêmes favorables aux perspectives de demande…
- Les effets richesse sont considérables, simultanément entretenus par l’envolée des prix des actifs financiers et par la résilience des prix immobiliers et des loyers.
L'ensemble rend les perspectives d'inflation particulièrement incertaines et hautement soumises aux évolutions de la demande. Or, ces dernières sont éminemment différentes de part et d’autre de l’Atlantique.
La croissance américaine reste estimée aux environs de 3% en rythme annualisé au premier trimestre par la Fed d’Atlanta et, même si les derniers retours en provenance de l’immobilier sont relativement dégradés, les ajustements en cours ne suggèrent aucun risque conjoncturel imminent pour justifier un assouplissement monétaire de la Fed.
La situation en zone euro est sensiblement différente. Si, ici aussi les résultats ne sont pas tous au RDV en matière d’inflation, les perspectives de demande sont autrement plus fragiles et justifieraient largement que la BCE envisage d’assouplir ses conditions monétaires.
C’est tout ce qui est attendu de la communication de cette dernière à l’issue de son comité de politique monétaire de jeudi et, quand bien même la réticence à envisager une baisse des taux avant la Fed est encore forte parmi certains membres de la BCE, on voit mal comment cette dernière pourrait maintenir son discours sur la nécessité de maintenir des conditions monétaires durablement restrictives.