Point Hebdo du 06/05/2024
Point de marché du 06/05/2024 : volte-face des marchés de taux
Alors que les marchés redoutaient un regain de tension durable des taux d’intérêt, les développements de la semaine écoulée semblent avoir ouvert la porte à l’apaisement.
- Les marchés craignaient un changement de cap plus restrictif de J. Powell, il n’en a rien été. Si le président de la Fed a évacué la possibilité d’un repli des Fed Funds avant d’avoir plus de garanties sur la trajectoire de l’inflation, il ne s’est, cependant, pas montré particulièrement préoccupé sur cette dernière. Plutôt fidèles à sa ligne, ses propos ont rassuré, éloignant les craintes d’un possible resserrement monétaire nées des dernières données d’inflation.
- Vendredi, le rapport sur l’emploi américain du mois d’avril a apporté de l’eau au moulin de J. Powell. Avec des créations de postes très inférieures aux attentes, les résultats du marché du travail s’ajoutent à la liste de plus en plus étoffée d’indicateurs médiocres aux États-Unis, également complétée des ISM manufacturiers et non-manufacturiers, chacun en repli en dessous de la ligne de flottaison des 50 points. Dans un tel contexte, la décélération des salaires et la remontée du taux de chômage à 3,9%, ont redoré les perspectives de possibles baisses des taux cette année.
- En zone euro, le nouveau repli de l’inflation sous-jacente de deux dixièmes, à 2,7% donne plus de poids à la perspective de baisse des taux de la BCE en juin malgré des résultats en matière de croissance plus élevés qu’anticipé, avec une hausse de 0,3% du PIB de l’UEM au premier trimestre.
Mais c'est peut-être ailleurs de se joue la partie la plus importante, en l'occurrence du côté des prix du pétrole. Les cours du Brent ont cédé près de 6% la semaine dernière, à moins de 83$ le baril, quand ils flirtaient les 91$ début avril.
Ce repli des cours du pétrole arrive à point nommé pour consolider les résultats à la baisse de l’inflation et redonner des marges de manœuvres aux banques centrales. Sa poursuite renforcerait sans aucun doute le mouvement de baisse des taux. Or, ni les perspectives de demande de pétrole ni les conditions actuelles sur le front de l’offre ne semblent devoir le contrarier…
Les marchés ont retrouvé la confiance dans de possibles baisses des taux la semaine dernière avec des replis de, respectivement, 15 et 17 points de base des taux à 2 et 10 ans américains, partiellement suivies par les taux européens en baisse de 12 et 5 pb pour les taux allemands de même échéance. Un mouvement, en apparence, plus susceptible de prendre de l’ampleur que l’inverse.