Point Hebdo du 08/04/2024
Point de marché du 08/04/2024 : des banques centrales "data dependent" font des marchés "data dependent"...
… Qui ne servent, décidément, pas la visibilité. La semaine écoulée en a une nouvelle fois montré les conséquences, avec des réactions inattendues dont les indices européens, plus que les autres, ont payé les frais.
- Alors que l’espoir d’une amélioration de la conjoncture chinoise a longtemps nourri celui des entreprises et des marchés, les données, enfin meilleures que prévu de l’Empire du Milieu, n’ont pas été les bienvenues la semaine dernière. Les PMI chinois, supérieurs aux attentes, semblent intervenir au pire moment, risquant d’accentuer le regain de tensions sur les prix des matières premières et de mettre un peu plus en porte-à-faux les perspectives de baisses des taux.
- Côté américain, la publication du rapport sur l’emploi du mois de mars n’a pas été dans le sens espéré d’une décélération des créations de postes, confirmant, au contraire, la bonne tenue persistante du marché du travail avec plus de 300K créations de postes et un nouveau repli du taux de chômage d’un dixième. La nouvelle, qui aurait pu faire flancher les indices tant elle va à l’encontre du scénario plébiscité de baisse des taux de la Fed, a été saluée par un rebond de plus de 1% du S&P et du Nasdaq dans la journée de vendredi. Si le marché de l’emploi reste dynamique, les salaires, eux, évoluent peu et leur croissance annuelle a poursuivi sa décélération. Sans doute cela a-t-il été jugé suffisant pour permettre à J. Powell de conserver sa rhétorique : « plus d’emploi ne veut pas forcément dire plus d’inflation »…
- L’ensemble n’a pourtant pas empêché les taux futurs de grapiller quelques points de base supplémentaires pour terminer la semaine en hausse de, respectivement, 19 et 14 pb pour les T-Notes à 10 et 2 ans, soit, au total, un demi-point dans les deux cas depuis le 1er janvier. En Europe, malgré des évolutions plus contenues des taux à 2 ans, le rendement du Bund et de l’OAT à 10 ans s’est également tendu de plus de 10 pb; une évolution plus difficile à digérer pour des indices européens moins portés par une conjoncture régionale en berne et beaucoup plus exposée aux risques de taux d’intérêt durablement élevés
- Les cours du pétrole, déjà tendus par la situation au Proche-Orient et la perspective de détente monétaire, ont accueilli favorablement les données économiques meilleures qu’attendues en provenance de Chine et des Etats-Unis et ont terminé la semaine à 91$ le baril de Brent, 15$ de plus qu’en début d’année, suivis par un nombre grandissant de matériaux de base et de produits agricoles. De quoi, effectivement, semer la zizanie sur des marchés échaudés et interroger les banques centrales. Gare à l’interprétation qu’en fera la BCE cette semaine...