Point Hebdo du 09/12/2024
Point de marché du 09/12/2024 : crise politique en France, le juste prix
Le vote de censure du 04/12 qui a mis fin au gouvernement Barnier, a été largement anticipé et, contrairement aux inquiétudes, a, plutôt, été salué par les marchés, avec un repli de 17 points du rendement de l’OAT 10 ans en quinze jours et un rebond de 2,7% du CAC la semaine dernière.
Souvent jugée incompréhensible, cette réaction trouve son origine dans plusieurs explications possibles.
➊ La chute du gouvernement marque l’abandon d’un budget restrictif qui aurait pu aggraver la conjoncture économique nationale et pénaliser les entreprises. A tout prendre, les investisseurs semblent préférer le prolongement du budget 2024 à celui envisagé.
➋ Après l’échec du l’équipe en place, le prochain gouvernement sera vraisemblablement soumis à un budget moins restrictif pour 2025, à la faveur d’un étalement de l’effort budgétaire moins impactant pour la croissance immédiate.
➌ Les marchés semblent plus préoccupés aujourd'hui par le maintien de la croissance et celui des efforts d'investissement des Etats que par les problématiques d’endettement. Le rôle protecteur des banques centrales et le développement des politiques keynésiennes menées depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine en sont peut-être à l’origine, quand la conscience du besoin de politiques structurelles face aux défis d’avenir fait de plus en plus largement consensus.
Au total, le degré d'acceptation de déficits et dettes publics élevés s'est accru, quand bien même nul ne sait dire pour combien de temps.
Vu sous cet angle, le prix payé pour la crise politique en France, peut paraitre relativement élevé.
Si depuis le 7 juillet 2024, la France semble avoir été épargnée, avec une baisse du CAC limitée à 4,3 % entre juillet et fin novembre et une baisse significative de ses taux d’intérêt, les stigmates de la crise n’en sont pas moins présents :
➡️ l’écart des taux franco-allemand à 10 ans a plus que doublé
➡️ le CAC a enregistré une sous-performance historique par rapport au DAX depuis 34 ans.
Alors que la BCE pourrait se montrer prête à abaisser davantage sa contrainte monétaire et que les inquiétudes sur l’économie américaine et la Chine se dissipent, sans doute ce coût semble-t-il suffisant pour faire face aux mauvaises surprises politiques encore à venir et autoriser un certain rattrapage...