Point Hebdo du 15/07/2024
Point de marché du 15/07/2024 : Pivot !
Oubliée la politique, les perspectives monétaires reprennent la main et les taux français refluent. Après un repli de 9 points de base au cours de la semaine du 8 juillet, le rendement de l’OAT à 10 ans a perdu 5 points supplémentaires la semaine dernière, pour terminer à 3,12%, contre 2,48% pour le Bund. Le spread franco-allemand, qui s’était élargi jusqu’à 78 pb aux lendemains des élections européennes et du premier tour des législatives, est retombé à 64 points. Éclaircie politique et budgétaire en France ? Que nenni. Sur ce front, la situation s’enlise et les chances de voir la formation d’un gouvernement se concrétiser d’ici la rentrée se réduisent de jour en jour. Retour donc au sujet de prédilection des marchés, celui des taux d’intérêt et, de ce côté-ci, les choses bougent vite.
Contre J. Powell, l'accélération de la désinflation américaine a largement conforté les marchés dans leur anticipation de baisses des taux nettement plus précoces et significatives que celles envisagées par la Fed. Les derniers chiffres d’inflation ont propulsé à près de 90% la probabilité d’une première baisse des Fed Funds en septembre et augmenté à plus de 30% celles de quatre baisses consécutives d’ici au printemps 2025, soit un assouplissement total de 100 pb au lieu des 25 envisagés par les membres de la Fed dans leurs dernières projections de début juin. Les marchés jouent dur et pourraient encore voir plus loin en cas de nouvelles déceptions sur la conjoncture américaine cette semaine au cours de laquelle les ventes de détail mais, plus encore, les mises en chantier et l’indice NAHB pourraient donner un caractère plus urgent à la perspective d’un assouplissement monétaire.
Dans un tel contexte, les retenues de la BCE passent au second plan, la perspective d’un pivot de la Fed faisant jusqu’à présent les anticipations sur la BCE. Les marchés continuent à prévoir que la première suivra la seconde, d’autant plus facilement que l’euro flirte avec les 1,09$. La BCE n’a probablement pas l’intention, pourtant, de jouer ce jeu, tout au moins à ce stade. Jusqu’où poussera-t-elle la contre argumentation alors que l’inflation sous-jacente n’est pas là où elle l’attend et que les hausses de salaires trainent à se normaliser ? C’est toute la question. Réponse jeudi avec un risque de coup de froid, au moins temporaire, avant des résultats possiblement plus probants sur la désinflation dans le courant de l’été.