Point Hebdo du 19/06/2023
Revue hebdo du 19/06/2023 : le conflit des bourses et des marchés de taux
Encore une fois, bourses et marchés de taux se contredisent, créant une situation d’inconfort dans l’attente d’un dénouement que personne ne sait véritablement prédire mais que l’on peut raisonnablement redouter.
Malgré une pause côté américain, les banques centrales n’ont pas apporté le soulagement escompté.
La FED envisage de relever de nouveau ses taux à deux reprises d’ici la fin de l’année, possiblement dès le mois de juillet.
Quant à la BCE, Mme Lagarde a écarté l’idée même d’une pause, se révélant beaucoup plus faucon qu’escompté malgré la dégradation de la situation conjoncturelle en zone euro de ces derniers mois.
Les marchés de taux ont acté ce durcissement de ton inattendu comme il se doit, par une inversion accélérée des courbes de taux, renvoyant un signal de récession proportionnel, aux Etats-Unis comme en zone euro.
Ont-ils tort de prendre les banques centrales au pied de la lettre dès lors que l’inflation semble avoir aujourd’hui beaucoup plus de chances de refluer que l’inverse ?
Rien n’a, en effet, arrêté la progression des bourses, fermement positionnées dans les starting-blocks ces derniers temps. Les principaux indices occidentaux ont terminé la semaine dernière sur des progressions de l’ordre de 2,5%, voire de plus de 3% pour le Nasdaq, tandis qu’en Asie, la baisse des taux de la Banque populaire de Chine et le statu quo, pourtant largement anticipé, de la BoJ ont pris le relais, signé par une envolée de 4,5% du Nikkei.
Si les marchés de taux anticipent une récession, les bourses les mettent au défi d’une reprise, en apparence tellement convaincante, que les derniers mouvements de hausse des taux directeurs ne les effrayent pas.
Après tout, semblent-elles nous dire, si les banques centrales envisagent encore de durcir leurs conditions monétaires c’est que la croissance est suffisamment robuste et que les entreprises profitent encore d’un certain "pricing power".
La révision à la hausse des perspectives de croissance de la FED et la correction toute symbolique à la baisse de celles de la BCE, plutôt que d’être perçues comme un signal de resserrement monétaire additionnel, abondent dans leur sens.
Les bonnes raisons de l’optimisme côté action s’arrêtent là. A supposer qu’elles disent vrai, en effet, c’est certainement à plus d’un quart ou d’un demi-point de hausses des taux futurs qu’il faudrait s’attendre et sans doute à une inflation beaucoup plus rigide que généralement escompté. Pas sûr que quiconque en sorte gagnant.
Point sur la semaine écoulée : Fed et BCE plus hawkish qu’attendu
Focus : les Banques centrales auront-elles les moyens de leurs ambitions ? On en doute.
Calendrier de la semaine : immobilier US, inflation britannique, BoE et PMI