Point Hebdo du 19/12/2022
Revue hebdo du 19/12/2022 : pas de Père-Noël pour les marchés
L’affaire semblait entendue, les banques centrales s’apprêtaient à réduire l’ampleur des hausses des taux directeurs mais iraient plus loin que prévu. J. Powell l’avait énoncé à plusieurs reprises depuis le début novembre ainsi que Mme Lagarde. Les deux ont confirmé leur posture la semaine passée en ne relevant leurs taux directeurs que d’un demi-point au lieu des 75 pb des réunions précédentes tout en annonçant qu’ils poursuivraient le resserrement monétaire, déterminés à ramener l’inflation à 2%.
La réaction des marchés a été brutale, dès mercredi soir, sans que la FED ne se montre particulièrement « faucon ». Avec une inflation toujours supérieure à 7%, ses projections auraient pu être beaucoup plus sévères que le point haut de 5,1% des FedFunds retenu pour 2023. Mais ses perspectives de croissance, abaissées à 0,5% pour 2022 et 2023, au lieu de 1,2% envisagé en septembre, ont surpris.
Le ton de la présidente de la BCE, jeudi, est apparu beaucoup plus sévère (voir notre post précédent).
Mme Lagarde se refuse à parler de pivot et affirme que les taux directeurs devront encore être augmentés sensiblement à un rythme régulier, afin d’assurer un retour de l’inflation vers 2%. Cela pourrait se traduire par de nouvelles hausses des taux de 50 pb en février et mars, comme souligné vendredi par Olli Rehn, le représentant finlandais du Conseil des gouverneurs. La BCE cherche à rattraper son retard. Alors que les prévisions de l’Eurosystème ne voient pas l’inflation refluer à 2% avant 2025, Mme Lagarde se donne comme mission de retrouver cet objectif au plus vite avec, en plus des hausses de taux, une réduction de son bilan à partir du mois de mars, à hauteur de 15 milliards par mois.
Contrairement aux attentes des marchés, les banques centrales sont peu convaincues par le tassement récent de l’inflation et assez largement insensibles aux mauvaises nouvelles conjoncturelles. Conséquence, aux Etats-Unis, le spectre d’une récession reprend le dessus, tandis qu’en zone euro, les quelques bonnes nouvelles sur la conjoncture renforcent les craintes de remontées des taux supérieures aux attentes, avec pour résultat, une inversion accentuée des courbes de taux : 25 pb en zone euro pour la courbe 2-10 ans, la plus forte depuis juin 2008. La correction est violente sur les bourses qui s’étaient mise en mode « reprise » depuis deux mois. L’EuroStoxx marque un recul de 3,5%, sa plus forte baisse hebdomadaire depuis septembre, les indices américains, perdent plus de 2%.
La devise européenne ne retire pas de bénéfices des annonces de la BCE: après un rebond au-delà de 1,07$, l’eurusd se stabilise à 1,06$ alors que les spreads intrarégionaux se retendent.