Point Hebdo du 20/03/2023
Revue hebdo 20/03/2023 : la crise bancaire fait dévisser les taux, la BCE reste inflexible
L’incertitude au lendemain de l’annonce d’un rachat précipité de Crédit Suisse par UBS, dimanche en fin de journée, reste à son comble. Les opérations de sauvetage suffiront-elles à stopper la défiance qui s’est emparée des marchés?
A ce stade, seuls seraient impactés les actionnaires et les détenteurs d'obligations "AT1" de CS ; sans conséquence donc pour les déposants et pour les créanciers de premier rang sur les obligations dites « senior » - d’où l’importance de bien choisir son « rang de priorité » lorsqu’on met en place des placements, et notamment structurés (les produits structurés sont très majoritairement construits autour de la dette Senior).
Les moyens mis en œuvre sont considérables mais la confiance ne se décrète pas, surtout à trois jours du FOMC, mercredi, au sujet duquel planent bien des interrogations, parmi lesquelles, celle d’une possible remontée des FedFunds, peu probable, et celle de la validation ou, au contraire, de l’invalidation de la montée en puissance des anticipations de baisse des Fed Funds au second semestre.
La crise bancaire rebat les cartes sur les marchés avec la faillite de trois banques américaines et l’effondrement de Crédit Suisse. FED et BNS à la manœuvre pour circonscrire les risques de contagion, la BCE n’a pas jugé bon de modifier sa posture et a relevé d’un demi-point supplémentaire ses taux directeurs, à 3,50%. Bien passée jeudi, la nouvelle a fait plus de mal vendredi avec l’aggravation de la situation de First Republic aux États-Unis.
La FED a dompté le stress ambiant par ses mesures énergiques dès mardi : ouverture de lignes de financement bancaire, sécurisation des déposants et liquidités. L’ensemble a provoqué un effondrement des taux futurs, renforcé par des données économiques médiocres semblant lui offrir plus de latitude. Résultat, sur la semaine, les taux à 2 ans américains ont reculé de 79 points de base, suivis de près par les taux allemands, en chute de 62 pb malgré la décision de la BCE, à la faveur d’une repentification des courbes de taux et d’un apaisement des tensions, en dépit d’une forte nervosité.
Les réponses de la FED ont permis aux marchés européens de digérer la hausse assez largement inattendue des taux directeurs de la BCE. Perçue comme un signe de confiance, la décision a été saluée par les investisseurs, rassurés par l’effondrement des taux à terme et l’absence de mention de futures hausses des taux directeurs de la part de Mme Lagarde.