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23.05.24

Point Hebdo du 21/05/2024

Revue hebdomadaire des marchés

Point de marché du 21/05/2024 : regarder au-delà de la conjoncture…

Bon nombre de raisons plaident toujours en faveur des indices européens.

La perspective renforcée d’une baisse imminente des taux de la BCE, l’évacuation des risques majeurs sur les perspectives conjoncturelles régionales, accumulation d’épargne, effets richesse, moindre mobilité des capitaux, voire crise immobilière, sont autant de soutiens potentiels à une hausse persistante des marchés de la zone euro, dans un contexte de désinflation confirmée.

Ce n’est pas du côté de la conjoncture, en effet, que nous trouvons les éléments de confiance.

Si l’activité industrielle a semblé frémir en fin d’hiver, les données du mois d’avril ont enfoui les espoirs de reprise manufacturière, tout du moins pour les plus grands pays de la région, Allemagne, Italie, France notamment.

Malgré un premier trimestre meilleur que prévu, nos prévisions de croissance n’ont donc pas lieu d’être sensiblement révisées. En moyenne cette année, la croissance du PIB de la zone euro pourrait atteindre 1%, plutôt que les 0,7% escomptés fin mars, après 0,9% en 2023, ce qui reste assez peu engageant.

C’est, en l’occurrence, ailleurs que les éléments de soutien aux marchés semblent les plus convaincants.

  1. Dans la préservation d’un certain « pricing power » assez inédit des entreprises européennes. Les dernières enquêtes de compétitivité de la Commission européenne décrivent une amélioration généralisée des conditions compétitives manufacturières, notamment liée à l’industrie automobile.

Mais c’est avant tout dans les activités de services, en particulier à destination des ménages que cette ressource est la plus importante.

  1. Dans le niveau élevé de l’épargne des particuliers et, simultanément, dans le manque d’opportunités d’investissement. Contrairement aux États-Unis ou même au Japon, les taux d’épargne ont conservé des niveaux élevés en zone euro.
  2. Dans un tel contexte, l’imminence des baisses de taux de la BCE devient un facteur potentiellement d’autant plus porteur que les valorisations restent faibles en zone euro, inférieures à ce qu’elles étaient avant la crise sanitaire, avec un multiple de 15,1 en moyenne sur l’Eurostoxx 50.

Or, il est vraisemblable que, non seulement la BCE s’autorise à baisser ses taux directeurs d’un quart de point le 6 juin mais qu’elle réitère l’opération le 18 juillet, compte-tenu des garanties offertes par les dernières données d’inflation, sur fond, qui plus est, de repli des cours de l’énergie et de hausse de l’euro. Si tel est le cas, les primes de risque des actions, tombées à des niveaux historiquement faibles ces derniers mois, redeviendront plus incitatives.

On comprend mieux, à ce qui précède, la résistance des indices européens et ce qui pourrait les pousser plus hauts dans les prochains mois, après, pas loin, d’une décennie perdue et malgré la réticence qu’inspire la situation allemande, tandis que, simultanément, la confiance des investisseurs retrouve des couleurs.

D’où pourraient, dès lors, venir les éléments contrariants ? Face à ce constat les principaux facteurs de risques semblent avant tout extérieurs :

  • Environnement géopolitique d’une part, au sujet duquel l’apaisement récent des tensions reste très précaire.
  • Risques chinois, susceptibles, entre autres, de venir réveiller avant l’heure les tensions sur les marchés internationaux de matières premières. En outre, si la croissance de la valeur ajoutée industrielle reprend effectivement des couleurs, la dynamique reste ralentie par l’inertie de la demande extérieure. Par ailleurs, la dégradation persistante du contexte domestique, immobilier notamment, reste un frein considérable pour les perspectives du pays.
  • Économie américaine, enfin et surtout, où le haut niveau des valorisations de marchés s’accorde mal avec une conjoncture défaillante, que soulignent de plus en plus d’indicateurs (indicateur avancé du Conference Board, données de ventes de détail et de production, ISM, NAHB ou emplois).

L’équilibre n’est pas forcément négatif tant que les signaux de faiblesse conjoncturelle sont limités et compensés par la restauration des perspectives de baisses des taux de la FED. La situation pourrait néanmoins devenir plus critique si la probabilité de récession venait à regagner du terrain.

Une fois encore, l’évolution des anticipations sur les Fed Funds aura une importance cruciale dans les prochaines semaines, aux États-Unis et au-delà.

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