Point Hebdo du 23/10/2023
Revue hebdo du 23/10/2023 : prime de terme géopolitique, le piège
Après quasiment une décennie de primes de termes négatives ou nulles sur le marché de la dette publique américaine, celles-ci sont réapparues depuis le premier trimestre 2022.
Coïncidence ou effet de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la question était posée depuis : les risques impartis à la dégradation du contexte géopolitique international pouvaient-ils justifier la formation de primes de risques sur les obligations qui finiraient par dissocier l’évolution des taux à long terme du cycle de conjoncture et de la politique monétaire ?
L’éclatement du conflit israélo-palestinien et les tensions additionnelles qui sont apparues depuis sur les obligations souveraines ont ravivé la question.
Depuis le 6 octobre, les taux d’intérêt à long terme se sont partout tendus pour franchir de nouveaux points hauts ; les taux 10 ans sont quasiment à 5% aux Etats-Unis, en hausse de 40 pb par rapport à la veille du début du conflit, à deux doigts de 3% en Allemagne et à 3,50% en France et 5% en Italie.
Dans un tel contexte, la volte-face de J. Powell de jeudi dernier pourrait constituer une pierre de plus dans le jardin des partisans de primes de risques croissantes sur les obligations à long terme.
Au contraire des projections des membres de la FED du dernier FOMC, le président de la FED est, en effet, apparu, suffisamment préoccupé par les développements internationaux et les tensions sur les taux longs pour envoyer un message relativement « colombe » aux marchés, lesquels ont évacué l’anticipation une nouvelle hausse des Fed Funds d’ici la fin de l’année.
Or, ni la vigueur de la croissance américaine ni les derniers résultats plutôt décevants en matière d’inflation, ne justifient une telle volte-face.
En agissant de la sorte, et somme toute de manière assez légitime, la FED risque, en l’occurrence, de donner l’impression de passer au second plan la prévention du risque d’inflation par rapport au risque géopolitique et, précisément, de participer à un accroissement des primes de terme ; dit autrement, au maintien de tensions disproportionnées des taux longs par rapport aux anticipations de politique monétaire.
Dans un tel environnement, même un ton plus accommodant des banques centrales pourrait ne pas être suffisant pour enrayer la spirale à la hausse des taux longs et entrainer sans son sillage, des risques croissants sur la plupart des actifs financiers, aux premiers rangs desquels les actions.
Sans réelle surprise, les marchés réagissent négativement à cet environnement avec des replis de 2% à plus de 3% des grands indices boursiers mondiaux au cours de la semaine écoulée.