Point Hebdo du 28/02/2022
L’Europe est entrée à ses dépens dans un conflit dont les pourtours restent, à ce stade, largement imprévisibles, la stratégie des sanctions économiques et financières, jusque-là, privilégiée risquant notamment de se heurter à l’escalade des provocations de V. Poutine.
Après avoir réagi à l’invasion de l’Ukraine, en conséquence, par une envolée des prix du pétrole, une chute des bourses et des taux d’intérêt, jeudi, les marchés ont terminé la semaine dans une quasi-indifférence apparente ; un comportement qui mérite une énorme prudence, au vu notamment des développements particulièrement préoccupants de ce week-end (et l’ouverture des marchés ce matin en est la preuve).
Les retentissements économiques du conflit risquent d’être considérables. Avant tout provoqués par une nouvelle flambée des prix de l’énergie et des risques de ruptures d’approvisionnements, ils fragilisent l’Allemagne et les pays de l’est européen au premier rang et ont tout lieu de créer les conditions d’une récession, au moins ponctuelle, dans les mois à venir.
Tour d’horizon de la semaine écoulée : déferlante ukrainienne.
- Les données économiques, plutôt encourageantes avant ces bouleversements passent au dernier plan, les banques centrales sont au pied du mur
- Les bouleversements qu’impliquent ce conflit balayent d’un revers de manche les préoccupations qui prévalaient ces dernières semaines.
- Les dernières données d’inflation et d’activité, qui semblaient largement en mesure d’inciter les banques centrales à accélérer le durcissement de leur politique monétaire, sont rattrapées par la montée des risques politiques et économiques en présence.
- L’incertitude grandit sur les marchés de taux d’intérêt et les marchés des changes.
L’Europe piégée par les sanctions
- Les sanctions imposées à la Russie ont tout lieu d’avoir des effets considérables en Europe dont de nombreux pays sont très dépendants. L’Allemagne importe 40% de son gaz de Russie, un tiers de ses importations de pétrole et un quart de celles de nickel. D’autres pays, comme l’Italie, et surtout les anciens satellites de l’URSS, sont également particulièrement concernés.
- Les risques de pénuries ont un effet immédiat sur les prix mondiaux et font redouter des ruptures d’approvisionnement pour l’industrie.
- Au-delà de l’Europe, le poids important de la Russie et de l’Ukraine sur le marché mondial du blé, menacent le reste du monde, en particulier les pays émergents, d’importantes répercussions.
- Le coût économique de ce conflit est très incertain et dépendra dans une large mesure de sa durée et de son éventuelle extension. A minima, une récession de deux trimestres semble le scénario le plus probable pour l’Europe, sur fond d’envolée des prix énergétiques et alimentaires.
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